Présentation Valse avec Bachir
Présentation
Valse avec Bachir
État libanais moderne né > fin Première Guerre mondiale > découpage Empire ottoman. 1920, forces
mandataires françaises créent État du Grand Liban > conserve
frontières géographiques après son indépendance en 1943.
Lien politique / religieux essentiel, pas un pouvoir
« fort » MAIS système démocratique, foyer de réflexion intellectuelle
et de contestation (maisons d’édition, presse) ; pays fondateur de l’ONU =
présent dans les principales institutions de l’ONU
Pays multiconfessionnel, frontalier d’Israël = l’écho du monde arabe =
tiraillé par les forces extérieures qui s’immiscent dans sa vie intérieure.
= un pays entre mer et montagne –
tourne le dos à la Syrie et à Damas (1)
= Unité
fragile – lente construction historique
Les origines historiques : Mont-Liban et villes côtières
La
répartition des confessions religieuses est en grande partie liée à l’histoire
et à la topographie du territoire libanais.
XVIe s.
> veille 1ère Guerre mondiale, territoire montagneux du Mont-Liban > statut
de relative autonomie politique au sein de l'Empire ottoman (2).
Grand Liban composé > intégration au
territoire montagneux du mont Liban de ses périphéries immédiates = plaines de
la Bekaa et du Akkar + littoral méditerranéen (1920 = conséquence des Accords
Sykes-Picot de 1916) (3).
Les
accords Sykes-Picot font l'objet de plusieurs idées reçues. Il est aussi complètement
faux de parler de complot ou de fausses promesses. Les accords Sykes-Picot sont
l'une de ces décisions prises en pleine guerre, par des diplomates sous
pression qui agissent dans l'urgence et ignorent souvent ce qui se décide dans
le bureau d'à côté note l'historienne Julie d'Andurain, indiquant qu'il faut se
garder d'une lecture téléologique de cet accord, qui explique un évènement en
fonction de ce qui s'est passé par la suite, comme si cela avait été le but
initial. En ne lisant Sykes-Picot qu'à travers ce prisme, on ne comprend rien
au Moyen-Orient actuel. L'autre mythe tenace est celui de l'unité arabe
empêchée par les impérialismes européens, alors que le Moyen-Orient est déjà
profondément divisé : Damas et Bagdad ont des administrations différentes
depuis plusieurs siècles, Alep et Damas sont rivales et les dynasties des
Hachémites (islam modéré) et des Saoud (fondamentalisme wahhabite) s'opposent.
Par ailleurs, le chérif Hussein est parfaitement au courant de l'accord
Sykes-Picot, les archives indiquant qu'une copie lui est destinée, tout comme
Thomas Edward Lawrence, contrairement à ce que suggère le célèbre film Lawrence
d'Arabie (1962).
L'historien
Eugene Rogan abonde dans ce sens, soulignant que les Britanniques n'ont pas
trahi les Arabes ; ils ne se sont pas non plus rangés du côté des
sionistes. Plus que de souhaiter créer un État juif ou arabe, ils désiraient
avant tout défendre leurs intérêts, notamment au niveau du canal de Suez, et
pour cela continuer à contrôler la région en sapant les mouvements
nationalistes. Ainsi, la promesse non pas d'un État juif mais d'un foyer
national juif, devait permettre de créer une communauté de clients qui
faciliterait le contrôle britannique de la Palestine. Sûrs de leur expérience
impérialiste, ils ont cru pouvoir gérer les demandes contradictoires des deux
communautés. Ce n'est qu'en 1937 qu'ils ont reconnu ne plus avoir le contrôle
de la situation.
Le
nom de l'accord est historiquement déformé. Selon l'historien Henry Laurens,
les Britanniques ont préféré l'appeler « Sykes-Picot » plutôt que
« Cambon-Grey » ou « Grey-Cambon », comme il aurait dû
s'appeler (puisqu'il s'agit des deux signataires), afin de lui donner moins
d'importance. Notamment gênés par ce partage arbitraire vis-à-vis de leurs alliés
arabes, les Britanniques s'en sont tenus à cette façon réductrice de nommer
l'accord, qui est depuis entrée dans le langage courant.
De
nos jours, les accords Sykes-Picot sont dénoncés, dans les pays Arabes, comme
un héritage des anciennes puissances coloniales, qui étaient le Royaume-Uni, et
la France. Mais depuis, les frontières sont restées telles qu'elles furent
tracées en 1919, à l'exception du Sandjak d'Alexandrette, qui fut annexé par la
Turquie, en 1939.
Les origines historiques : un pays multiconfessionnel
Historiquement montagne - refuge des communautés marginalisées ou
dissidentes (4).
Christianisation lente à partir du IIe s. – et constitution entité libanaise
avec conquête arabe musulmane au VIIe / VIIIe s.
-
empire byzantin, Liban chrétien mais lieu de reconquête chrétienne ≠
poussée musulmane par Maronites de rites catholiques (≠ empire orthodoxe) =
chassés de Syrie se réfugient dans la montagne au VIIe s. = territoire maronite
contrôlé par les arabes seulement après croisades (XIIIe s.) ;
-
califat omeyyade de Damas (661-750), califat abbasside de Bagdad (750-1258)
= montagne le lieu de refuge de la minorité dissidente musulmane
Druze (dérivés de l’ismaélisme) ;
-
sultanat mamelouk du Caire (1250-1517) puis califat ottoman d’Istanbul
(jusqu’en 1918).
Lien appartenance communautaire et représentation politique = amorcé sous
empire Ottoman, quand le système féodal a été remplacé par un système
confessionnel + entériné sous le mandat français.
Pays multiconfessionnel : officiellement 17 communautés, chacune droit
privé spécifique. Chrétiens
catholiques (maronites dominent), orthodoxes de rites grecs,
arméniens ; musulmans
chiites, sunnites, druzes (5 à 7 % de la population libanaise) et
alaouites ; juifs (0,5 %).
Les origines historiques : des minorités religieuses à l’état
Maronites > ascension culturelle progressive (époque ottomane) + soutien
France mandataire = conviction jouer rôle prépondérant. Tracé frontières souhaité
par patriarcat maronite =
viabilité éco. = ressources agricoles des plaines de la Bekaa et du Akkar :
-
traumatisme de la famine du
Mont-Liban en 1916 (montagne volontairement affamée ; lutte ≠
minorités dans empire ottoman)
-
compromis : maronites > majoritaire à
80 % dans le Mont-Liban + plaine de Beyrouth, MAIS 48 % de la
population = diluée face aux communautés sunnites et grecque-orthodoxe
majoritaires sur le littoral, et chiite dans la Bekaa au sud.
Constitution de 1926
-
Reconnaît appartenance de chaque Libanais à une communauté religieuse (5),
-
Institue « communautarisme politique » = communautés représentées
« équitablement » au sein de l'État sur la base du recensement
effectué en 1932 = sièges
parlementaires répartis chrétiens / musulmans ; répartition des pouvoirs
(président chrétien, premier ministre sunnite, porte-parole du
gouvernement chiite, contrôle de l’armée maronite…) + gestion des entreprises
publiques par les partisans et les proches
-
Toutes les minorités reconnaissent le Liban comme un État arabe.
Indépendance reconnue par la
France libre, le 22 novembre 1943.
Le clientélisme comme base du pouvoir
Forces politiques ≠ partis MAIS rassemblements autour d’un notable, base
communautaire et locale = rivalité de clans.
-
Importance de la corruption (138E sur 180 états du monde
classés), des conflits d’intérêts, pratique d’achat de voix (par l’embauche de
fonctionnaires…) ;
-
Importance du consensus (dans les communautés et entre les communautés)
2 grands « partis » années’50 : essentiels années ’70 =
oscillent entre modernité et système clientéliste :
-
Partis socialiste progressiste de Kamal Joumblatt, notable Druze (laïcité, égalité… langage marxiste mais
organisation « féodale » de lien d’homme à homme)
-
Le parti Kataëb (la phalange) de
Pierre Gemayel – 1er parti en 1975 – fondation 1936 : modèle
partis fascistes européens = mobilise couches moyennes maronites (objectifs
sociaux et défense du Liban chrétien)
Des déséquilibres économiques et les conséquences de la guerre israélo-palestinienne
1948 guerre israélo-palestinienne (naissance d’Israël) +/- 140 000
Palestiniens réfugiés au Liban = main d’œuvre peu exigeante + bourgeoisie
entreprenante = aubaine. Grande majorité dans camps ONU. Population musulmane
(80%) = dans le long terme au Liban = fragilise consensus national
(déséquilibre).
> Très mal vus par chrétiens, droit de circulation & activité
politique restreints (≠ accès à la citoyenneté libanaise)…
> + inégalités de richesses = absence de politique de redistribution de
richesses, absence de protection des salariés + crise éco. Années ‘70
-
chiites communauté la + pauvre (l’une des raisons de la fondation du
Hezbollah en 1982 – groupe islamiste chiite et parti politique sur financement
iranien – comprend autant groupe armée qu’aide sociale)
-
grecs orthodoxes =
les + grosses fortunes
-
maronites catholiques = dominent classe moyenne
Fin années 1960, radicalisation vie
politique. Conservateurs chrétiens craignent pour la cohésion nationale, les
Arabo-Palestino-progressistes solidaires de la résistance. Passage groupes
claniques > milices armées, libanais chrétiens se tournent vers
Occident ; pro-arabe soutenus par Palestiniens = affrontements
phalangistes ≠ Palestiniens ≠ mouvement socialo-progressiste (4).
Présence palestinienne car
contrôle territoires palestiniens par Israël (1948-67) + répression de septembre
noir (OLP palestinienne réfugiée en Jordanie : chassée de Jordanie) =
résistance palestinienne au Liban : foyer du panarabisme = enseignement
militaire dans camps ; hostilité palestiniens ≠ maronites en hausse +
camps palestiniens = base d’attaques terroristes ≠ Israël.
ð + de 3000 interventions de Tsahal (armée Israélienne) entre 1968 et 1974 =
cercle vicieux de représailles
ð Israël exige du Liban : régler pb palestinien sur son territoire =
incapacité
ð 1969 à Saïda = manifestation Palestiniens ≠ gendarmerie 14 morts =
intervention de l’armée pour contrôler les camps = pb palestiniens organisés et
armés + soutien de la population et des pays arabes
ð Médiation Égypte = Accords du Caire de Nasser = Arafat (Organisation de
Libération de la Palestine)
arrache l’extraterritorialité
des camps palestiniens – parlement libanais ratifie texte secret car
≠ à souveraineté de l’État = les camps palestiniens deviennent un « État
dans l’État ».
ð Question palestinienne au cœur de la Guerre du Liban
Guerre civile mais pas seulement
intra-libanaise = 2 grandes phases séparées par intervention israélienne 1982.
1975 > 1982, coalition dominée
par maronites, Front libanais ≠ à coalition palestino-progressiste à
dominante musulmane dont la principale force armée, l'OLP, est palestinienne.
-
intervention israélienne élimine
OLP
-
mort de Bachir Gemayel + de son
état-major affaiblit camp chrétien.
2e phase (1982-1990) = échec forces d'interposition
occidentales, montée en puissance des partis chiites, Amal et Hezbollah,
retrait progressif des troupes israéliennes + recours à la Syrie.
1975 : janvier, incursion israélienne provoque exode des civils
libanais. Pierre Gemayel, chef du parti chrétien des Kataëb veut désarmement
des Palestiniens = affrontements éclatent dans les villes du Sud (Saïda) Palestiniens
≠ armée et sur fonds de crise sociale.
12 avril 1975 P. Gemayel inaugure
une église = on ouvre le feu sur cette inauguration (mort du garde du corps)
13 avril 1975 – fédayins
palestiniens = défilent en arme dans camp de Sabra = commémorer attaque d’un
kibboutz israélien un an plus tôt ; en réponse = massacre par les
phalangistes de militants palestiniens (27 morts).
Barricade de rues ; affrontement au lance-roquette, embuscades,
guérilla urbaine avec cessez-le-feu rompus, et hausse des exactions. Beyrouth
divisée en deux par une « ligne verte » durant 17 ans (6).
1976 Syrie impose cessez-le-feu + rééquilibrage du partage des pouvoirs
entre communautés. Blindés syriens entrent au Liban contre les palestiniens et
progressistes puis revirement d’alliance contre les forces chrétiennes ≠
OLP. Intervention syrienne reconnue comme la FAD : Force Arabe de
Dissuasion (7).
Divise le pays = Autorité du gvt sur 400km2 autour de Beyrouth,
Nord sous autorité syrienne ; Sud entre les mains des milices avec
règlements de comptes internes à chaque camp = assassinat de K. Joumblatt
(1977) ; zone chrétienne = Bachir Gemayel (contrôle milice des Forces libanaises = police, armée +
appuie d’Israël = un « État » = ports, douanes, services sociaux,
impôts… + rêve conquérir le Liban).
Mars 1978, réaction d’Israël aux attaques des villes du Nord d’Israël par l’OLP = repousser milices
palestiniennes au nord du pays au-delà de rivière Litani (8).
Après plusieurs
semaines en territoire libanais, les troupes israéliennes se retirent
partiellement, laissant la région à l'Armée du Liban Sud (essentiellement
composée de chrétiens = contrôlent le sud du Liban avec financement et
formation israéliens).
Printemps 1981 affrontements FAD / Kataëb / Aviation israélienne –
intervention USA évite affrontement direct Syrie – Israël.
1979 – 1983 = services secrets israéliens = campagne d’attentats >
voiture piégée = créer sentiment d’insécurité sans mêler Israël = « pousser
l’Organisation de libération de la Palestine à recourir au terrorisme pour
fournir à Israël la justification d’une invasion du Liban. »
16 juillet 1981, roquettes palestiniennes tuent 3 civils israéliens. Le
lendemain, aviation israélienne bombarde massivement bureaux l’OLP à Beyrouth =
200 / 300 morts, principalement civils libanais, et + de 800 blessés.
« Paix en Galilée » (juin 1982)
3 juin 1982 organisation palestinienne Abou Nidal (≠ OLP) tente
assassinat ambassadeur israélien à Londres (blessé grièvement) = LE prétexte recherché
par Israël.
4 juin armée israélienne bombarde camps de l’OLP au Liban - OLP réplique = tirs
de roquettes sur le Nord d’Israël, entraînant de nouveaux bombardements de ses
positions par Tsahal.
6 juin opération Paix en Galilée :
Tsahal entre au Liban, avançant jusqu'à Beyrouth, font leur jonction avec les Forces
libanaises de B. Gemayel. Armée syrienne s’effondre = pertes conséquentes. Début
du siège de Beyrouth (8)
ouest refuge de l’OLP. 21 août OLP quitte le Liban (sur navires de la Marine
Nationale Française) = vu comme réussite chrétiens maronites de Bachir Gemayel.
Sabra et Chatila
14 septembre 1982 : assassinat de Bachir Gemayel = colère des
phalangistes ≠ palestiniens (certainement attentats de ceux voulant intégrer le
Liban à la Syrie)
Sabra et Chatila : deux camps à la sortie sud de Beyrouth (9)
Départ OLP = palestiniens réfugiés = sans protection = entrée des
phalangistes dans les camps = « nettoyer » des terroristes + officiellement
livrer aux Israéliens + aide et encadrement de Tsahal (n’entre pas dans les
camps). 15 et 16 septembre = massacre populations palestiniennes (hommes,
femmes, enfants, viols et sévices divers) = de 700 à 3 500 civils.
Information des massacres se diffuse (jusqu’au gvt des USA) = Israël nie +
récuse de devoir intervenir. Unique enquête officielle israélienne :
conclu à responsabilité directe des phalangistes et indirecte
d’Ariel Sharon, chef d’Etat-Major. Enquêtes indépendantes impliquent
directement Israël en tant que force occupante.
Au milieu des années 80, après son service militaire
dans l’armée israélienne, Ari Folman réalise son rêve : partir seul faire le
tour du monde. Deux semaines et deux pays après son départ, Ari réalise qu’il
n’est pas fait pour ça. Il s’installe dans une pension en Asie du Sud-Est et
écrit à ses amis restés au pays des lettres où il raconte un tour du monde
totalement inventé. Cette expérience est déterminante et le pousse à étudier le
cinéma. Son film de fin d’études Comfortably Numb (1991), qui raconte de
manière comique et absurde l’expérience de ses proches lors des attaques de
missiles irakiens sur Tel-Aviv durant la première Guerre du Golfe, remporte en
Israël le prix du Meilleur Documentaire de l’année.
Entre 1991 et 1996, Ari Folman réalise des
documentaires pour la télévision israélienne, principalement dans les
territoires occupés. En 1996, il écrit et réalise Saint Clara un long
métrage tiré du roman de l’écrivain tchèque Pavel Kohout. Le film gagne plusieurs
prix en Israël dont ceux du Meilleur Film et du Meilleur Réalisateur. Il gagne
aussi le Prix du Public au Festival de Berlin.
Ari Folman réalise ensuite plusieurs séries
documentaires à succès et un deuxième long-métrage de fiction : Made In
Israël (2001), conte futuriste sur la traque du dernier nazi vivant.
Sa première incursion dans l’animation intervient avec
la série documentaire The Material That Love Is Made Of (2004) dont
chaque épisode commence par quelques minutes animées où l’on voit des scientifiques
exposer leur théorie sur l’évolution de l’amour.
La réussite de ce premier essai encourage Ari Folman à
renouveler l’expérience avec Valse Avec Bachir, documentaire d’animation long-métrage.
Tiré d’une histoire vraie, le film est un voyage au centre de la mémoire du
réalisateur, à la recherche d’images oubliées de la guerre du Liban. Cette
traque des souvenirs, la quête de vérité et l’Histoire troublée de la région
sont devenues très naturellement la matière même de l’animation. Il est
sélectionné à Cannes en 2008 où le film crée un énorme buzz et toute critique
attend un prix. Finalement, Folman repart bredouille mais a fait connaître son
nom et son film au monde entier.
Valse avec
Bachir (en hébreu ואלס עם באשיר) est un film documentaire d'animation réalisé
par Ari Folman et sorti en 2008. C'est une coproduction
israëlo-franco-allemande. Le film a obtenu de nombreux prix dans le monde, dont
le Golden Globe Award du meilleur film étranger et le César du meilleur film
étranger en 2009, et était en compétition pour la Palme d'or 2008 et l'Oscar du
meilleur film en langue étrangère en 2009.
En 1982,
durant l'opération « paix en Galilée », le jeune Ari Folman, dix-neuf ans, fait
son service militaire. Vingt-quatre ans plus tard, en 2006, il rencontre un ami
de cette époque, Boaz, qui lui parle d'un rêve étrange qu'il fait toutes les
nuits depuis plus de deux ans, mettant en scène des chiens qu'il a tués durant
la guerre. Ari tente alors de se rappeler cette période de sa vie, sans y
parvenir. Il parvient cependant à se remémorer une scène qu'il ne peut
interpréter : lui et deux jeunes soldats sortant nus de la mer sous la lumière de
fusées éclairantes dans la baie de Beyrouth. Il pense alors qu'il s'agit des
scènes du massacre de Sabra et Chatila, où l'armée israélienne a couvert les
milices phalangistes chrétiennes partisanes de Bachir Gemayel, mais sans en
être sûr, sans même savoir s'il était réellement présent près du camp cette
nuit du 17 septembre 1982.
Ari Folman
décide de rencontrer des compagnons de cette période et de les questionner sur
la guerre. Mais il doit se rendre à l'évidence : premièrement, ses amis
n'arrivent pas à tout se rappeler, et deuxièmement, il est probable que les
événements anciens que se racontent ces vétérans n'aient jamais eu lieu et
soient des faux souvenirs créés par leur inconscient afin d'obscurcir les
souvenirs des trop douloureuses scènes de guerre. Petit à petit, Ari retrouve
par flash des scènes de cette guerre et de sa participation : l'attaque d'une
voiture civile ; la mort d'un enfant ayant tiré une roquette sur un char ; les
tanks israéliens bombardés par l'aviation israélienne ; sa permission au bout
de six semaines de guerre… Mais surtout, il redécouvre qu'il a indirectement
participé au massacre, en tirant des fusées éclairantes depuis le toit d'un
immeuble pour faciliter la tâche des miliciens.
Le film se
termine par des images bien réelles extraites d'un reportage-documentaire de la
chaîne de télévision britannique BBC au lendemain du massacre lors de l'entrée
dans le camp de Sabra et Chatilla et montrant des femmes palestiniennes hurlant
de désespoir parmi les décombres et les cadavres.
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