Corriges des exercices de janvier - Compo Histoire
Sujet 1 –
Composition
Histoire OU géographie
A. Histoire - “Socialisme, communisme et syndicalisme en Allemagne de 1875 à 1939”.
Sujet très
proche de l’intitulé du chapitre (de 1875 à nos jours) : donc double
corrigé
Dans les deux cas : il est nécessaire de bien définir les
termes (socialisme > donc communisme + syndicalisme).
Plan thématique = pas impossible, mais peu probant = corrigés
en plan chronologique
Tram de plan thématique possible – compliqué
I – Défendre et
renforcer les droits des ouvriers
A.
Mise en œuvre de droits sociaux
B.
Participation des ouvriers au fonctionnement de
l’entreprise
II – Une gauche
qui cultive la rupture
A.
Réformiste et révolutionnaires (1875-1917)
B.
La rupture spartakiste (1918-1932)
C.
Une Allemagne, deux régimes divergents (1949-1991)
III – Entre
pouvoir et opposition
A.
Partager le pouvoir : la culture du SPD (RFA)
B.
Arriver au pouvoir pour ne pas le partager : la
culture du KPD (RDA)
Un corrigé
Annabac
Socialisme, communisme et syndicalisme en Allemagne de 1875 à la veille de la Seconde Guerre mondiale
Introduction
Info
Référence
à la guerre franco-prussienne de 1870-1871.
[Contexte]
Au lendemain de sa victoire sur la France et de la fondation de l’Empire (le
Reich), l’Allemagne s’affirme comme une puissance politique et industrielle. La
classe ouvrière y prend de l’importance. Né en 1875,
le parti des travailleurs s’organise en un puissant mouvement politique : le Parti social-démocrate
d’Allemagne (SPD).
[Problématique]
Comment ce mouvement s’est-il inscrit dans l’histoire de l’Allemagne jusqu’en 1939 ? Et en quoi son effacement à partir de 1933 témoigne-t-il d’un échec ?
[Annonce
du plan] Nous répondrons à ces questions en analysant les principales étapes de
son histoire : son
développement entre 1875 et 1910, sa gestion de la guerre et
des affaires entre 1910 et 1929, puis son anéantissement par
les nazis durant les années 1930.
I. 1875-1910, l’essor réussi d’une idéologie nouvelle
1. Congrès de Gotha : la naissance d’un mouvement ouvrier structuré
- En 1875, l’Association des travailleurs allemands et le Parti ouvrier social-démocrate s’unissent pour former le SPD.
Info
Par
opposition au socialisme utopique, le marxisme se présente comme un socialisme
« scientifique ».
- Le parti revendique un programme d’inspiration marxiste : établissement de sociétés ouvrières de production avec l’aide de l’État, droit de grève, réduction du temps de travail, protection de la santé.
2. Le développement d’un parti et d’un syndicalisme puissants
- S’appuyant sur des associations sportives ou culturelles et sur une presse bien implantée, le parti voit ses effectifs croître rapidement. En 1910, un électeur allemand sur trois vote SPD.
Info
Une
mutuelle est une association d’assurance sociale (maladie, chômage, etc.) à but non lucratif et
financée par les cotisations de ses adhérents.
- Un syndicalisme mutualiste efficace se met en place. En 1892, il se rassemble au sein de la puissante Confédération générale des syndicats allemands (ADGB). L’association crée des bibliothèques, des dispensaires ou encore des centres aérés qui améliorent la vie des ouvriers.
- Le chancelier Otto von Bismarck tente de contenir le mouvement. Par les lois antisocialistes de 1878, il fait interdire les associations sociales-démocrates tout en créant des assurances sociales – ne faisant ainsi que justifier les revendications ouvrières.
3. Des débats internes : entre pragmatisme politique et pureté idéologique
- Alors que son succès lui ouvre les portes du pouvoir, le SPD est secoué par un débat soulevé par Eduard Bernstein. Celui-ci propose une voie révisionniste consistant à accepter le parlementarisme pour faire voter des réformes en faveur des ouvriers.
- Fidèle à la tradition marxiste, Rosa Luxemburg refuse l’alliance avec les partis bourgeois et préconise l’action révolutionnaire.
- En 1912, malgré ses divisions internes, le SPD devient le premier parti du pays avec près de 35 % des voix. Il reste malgré tout dans l’opposition.
[Transition]
De 1875 à 1910, le socialisme allemand est
un mouvement en pleine ascension. L’union sacrée face au conflit mondial de 1914 puis la gestion des affaires
l’ont-elles affaibli ?
II. 1910-1930, le socialisme à l’épreuve de la guerre et du pouvoir
1. Pour ou contre la guerre
Info
L’internationalisme
est un mouvement né au xixe siècle
qui rassemble les partis et syndicats socialistes de toute l’Europe contre les
capitalistes.
- Dès le début de la Grande Guerre, deux positions opposées s’affrontent au sein du SPD : d’un côté, les révisionnistes qui rallient l’union sacrée ; de l’autre, les révolutionnaires qui restent fidèles à l’internationalisme et refusent la guerre.
- En janvier 1916, Rosa Luxemburg dénonce la trahison du SPD et appelle à la révolution prolétarienne contre l’impérialisme bourgeois. Ses partisans se rassemblent dans le mouvement spartakiste qui prend le nom de Parti communiste d’Allemagne (KPD) en décembre 1918.
2. Le SPD au pouvoir
- Le SPD accède au pouvoir dans le cadre de la défaite allemande de novembre 1918. Issu de ses rangs, Friedrich Ebert devient le premier président de la république de Weimar.
- Parti de gouvernement, le SPD fait voter des réformes d’inspiration socialiste comme les nationalisations de certains secteurs industriels et le droit de vote des femmes.
- Sur le modèle de la révolution bolchevique, les communistes tentent de prendre le pouvoir. La répression est sanglante, Rosa Luxemburg est assassinée en janvier 1919.
3. La gauche face à la crise de 1929
- Entre 1920 et 1929, le SPD parvient à faire voter de nouvelles réformes. Malgré les difficultés traversées par le pays, le parti reste puissant, recueillant 25 à 30 % des suffrages entre 1923 et 1928.
- Mais la crise de 1929 l’affaiblit et profite davantage au KPD. Surtout, grand bénéficiaire de cette crise, le mouvement nazi prend des voix aux partis de gauche et devient menaçant.
- Le KPD et le SPD dénoncent le nazisme, ses méthodes, son programme ; mais ils n’unissent pas leurs efforts contre l’ennemi commun.
[Transition]
Parti républicain, le SPD a géré au mieux de ses moyens une période difficile,
mais il ne peut rien contre la crise économique et la montée du nazisme.
Peut-il survivre alors face au régime hitlérien ?
III. 1931-1939, le socialisme anéanti par le totalitarisme nazi
1. L’échec socialiste face aux nazis
- La division fait le jeu d’Adolf Hitler. La gauche ne peut empêcher sa nomination à la Chancellerie en janvier 1933.
- Hitler élimine le KPD qu’il rend responsable de l’incendie du Reichstag. Le parti est interdit, ses militants arrêtés et internés dans des camps (Dachau).
- L’instauration d’un système de parti unique permet ensuite d’éliminer le SPD et de fondre les syndicats dans les organisations de masse du nouveau régime.
2. Entre clandestinité et exil
- Réduits à la clandestinité, des militants organisent la résistance au péril de leur liberté et de leur vie, comme Wilhem Frantz et Martin Stiebel.
Info
Futurs
dirigeants respectivement de la République fédérale d’Allemagne (RFA) et de la
République démocratique allemande (RDA).
- Beaucoup prennent le chemin de l’exil pour continuer la lutte depuis l’étranger, comme Willy Brandt ou encore Walter Ulbricht réfugié à Paris en 1933 puis à Moscou en 1938.
Conclusion
[Bilan]
Entre 1875 et 1939 le socialisme a été un
artisan de la modernisation économique et sociale de l’Allemagne. Mais face à
la défaite de 1918 et aux
crises, il n’a pas su trouver les moyens de préserver son œuvre. Acteur
important de l’histoire allemande, il a payé le prix fort de ses fautes
politiques commises pendant l’entre-deux-guerres.
[Ouverture]
Quelle nouvelle chance lui donnera la victoire en 1945
des Alliés et de l’Union des républiques socialistes soviétiques (URSS) ?
Sujet très
proche de l’intitulé du chapitre (de 1875 à nos jours)
INTRODUCTION
Présentation. Le socialisme, le
communisme et le syndicalisme désignent trois doctrines nées au XIXe siècle, au
moment de l’apparition de la révolution industrielle et de la société
capitaliste. Elles ont pour point commun de défendre les droits des ouvriers
des usines contre les devoirs que leur imposent ceux qui les emploient : les
bourgeois. Alors que le socialisme et le communisme sont deux mouvements
politiques, l’un modéré, l’autre radical, qui ont pour but la prise du pouvoir,
soit par l’élection (socialisme), soit par la révolution (communisme), le
syndicalisme, dépourvu d’ambition politique, est un mouvement professionnel qui
a pour but d’améliorer la condition sociale des ouvriers à l’intérieur des
usines. Ces trois doctrines appartiennent à ce que l’on appelle plus
communément le « mouvement social » ou encore la « gauche ».
Problématique. Quelle histoire le
socialisme, le communisme et le syndicalisme ont-ils connu en Allemagne depuis
1875, année du congrès de Gotha au cours duquel le mouvement ouvrier naissant
est alors unifié ? Cette unité va-t-elle persister, au nom de la défense des
ouvriers, présentée comme un intérêt supérieur, ou bien va-t-elle voler en
éclats sous l’effet des divisions internes ?
Plan. En fait, jamais le mouvement
ouvrier n’a offert le spectacle de l’unité. Tout au long de son histoire, au
contraire, la gauche allemande est apparue divisée : d’une part, entre 1875 et
1918 ; d’autre part, entre 1918 et 1945 ; enfin, de 1945 à nos jours.
DEVELOPPEMENTS
[I] Entre 1875 et 1918, l’Allemagne est un empire. C’est
celui des Hohenzollern, appelé aussi IIe Reich, successivement dirigé par
Guillaume Ier et Guillaume II. La période est marquée par la naissance puis
l’enracinement du socialisme, du communisme et du syndicalisme.
[A] Le IIe Reich, dirigé par un
empereur conservateur, Guillaume Ier (1871-1888), et un Chancelier autoritaire,
Otto von Bismarck (1871-1890), est peu sensible à la question ouvrière et au
socialisme. C’est pourquoi, en 1878, à l’initiative du Premier ministre
allemand, est adoptée la « loi antisocialiste », aux termes de laquelle
sont interdits pour la gauche : les partis, les syndicats, les journaux, les
grèves et les manifestations. En contrepartie, toutefois, Bismarck, soucieux de
désamorcer les revendications ouvrières, fait voter d’importantes lois sociales
de 1883 à 1889. Parmi elles : la création de l’assurance-maladie,
l’organisation d’un système de retraite ainsi que l’obligation faite aux
patrons d’indemniser les accidents du travail. Mais cette stratégie échoue :
l'audience du mouvement social progresse partout en Allemagne, tandis que
le retrait de Bismarck de la vie politique en 1890 permet l’abolition de la «
loi antisocialiste » et le retour de la gauche dans le jeu politique.
[B] Depuis la création du IIe Reich,
cependant, la gauche est désunie. Elle est divisée entre deux tendances : d’une
part, la tendance réformiste de Lassalle, fondateur en 1863 de l’ADAV ; d’autre
part, la tendance révolutionnaire de Bebel et Liebknecht (père), fondateurs en
1869 du SDAP. En 1875, néanmoins, lors du congrès de Gotha, les deux partis
fusionnent, donnant naissance au SAP, lequel devient en 1890, au congrès
d’Erfurt, le SPD. L’unité du SPD, toutefois, n’est qu’apparente. En
réalité, il est traversé par deux courants contradictoires : d’un côté, le
courant réformiste de Bernstein ; de l’autre, le courant révolutionnaire de
Rosa Luxemburg. Cette division éclate au grand jour pendant la Première Guerre
mondiale : tandis que le courant réformiste de Bernstein soutient l’effort de
guerre, le courant révolutionnaire de Rosa Luxemburg se désolidarise et fonde
en 1917 un nouveau parti, l’USPD. Le SPD conserve néanmoins son avance sur
l’USPD : d’abord, parce qu’il recueille aux élections plus de suffrages que son
rival ; ensuite, parce que le principal syndicat allemand, l’ADGB, fondé en
1892 par Carl Legien est affilié au SPD.
[Transition] SPD et ADGB ont donc
partie liée. Ce sont eux, de fait, qui veillent le plus à l’amélioration des
conditions de travail des ouvriers au cours de cette période. Ce sont eux
également qui, au cours de la période suivante, s’efforceront d’améliorer la
condition sociale du prolétaire allemand.
[II] Entre 1918 et 1945, l’Allemagne fait l’expérience de deux
régimes politiques successifs : d’une part, un régime démocratique entre 1918
et 1933, la République de Weimar, au sein duquel la gauche participe au pouvoir
; d’autre part, un régime totalitaire entre 1933 et 1945, le IIIe Reich, au
sein duquel la gauche (comme la droite) est exclue du pouvoir.
[A] La République de Weimar, ainsi
surnommée parce que sa Constitution fut adoptée dans la ville de Weimar, a fait
naître la haine et l’espoir : haine des partis d’extrême droite, d’abord, qui
imputent à la République le poids de la défaite (1918) et, plus tard, celui de
la signature du traité de Versailles (1919) ; espoir des partis d’extrême
gauche, ensuite, qui, inspirés par la révolution bolchevique d’octobre 1917,
comptent bien profiter de la fragilité du régime pour le renverser. C’est
précisément ce qui se passe au cours du mois de janvier 1919. Après
l’éclatement de l’USPD, en effet, dont les militants les plus modérés
rejoignent le SPD et les plus radicaux forment le Parti communiste (KPD), la
Ligue spartakiste, l’autre nom donné au KPD, fondé par Rosa Luxemburg et Karl
Liebknecht (fils), déclenche une insurrection contre la jeune démocratie. Mais
la réaction du gouvernement social-démocrate est ferme, voire brutale.
Friedrich Ebert, Chancelier puis Président (1918-1925), ordonne, au cours de la
« semaine sanglante » (5-12 janvier 1919), la répression du mouvement
spartakiste, qui s’achève par l’assassinat de ses deux leaders, Liebknecht et
Luxemburg. Depuis lors, le divorce entre le SPD et le KPD est définitivement
consommé. Voilà notamment pourquoi, après la crise de 1929, le KPD, ainsi que
son syndicat le RGO, refuse toute alliance avec le SPD, qualifié de «
social-traître » par les communistes. La République de Weimar, conjointement
pilotée par le SPD et l’ADGB, permet néanmoins l’adoption d’une législation
sociale destinée à mieux protéger les ouvriers. Parmi les principales mesures,
outre le droit de vote reconnu aux femmes dès 1919, figurent notamment :
l’inscription du syndicalisme dans la Constitution, la journée de 8h, la
création de l’assurance-chômage ainsi que la construction de nombreux logements
sociaux. Mais, en 1932, alors que l’Allemagne compte plus de 6 millions de
chômeurs et 30% d’inactifs, les avancées sociales permises par le SPD sont peu de
chose. La gauche et la droite, qui ont successivement dirigé la République de
Weimar, la première entre 1918 et 1925 (Ebert), la seconde entre 1925 et 1932
(Hindenburg), sont rendues responsables par les électeurs allemands de la
situation de désespoir dans laquelle est plongé le pays depuis le début des
années 1930. En 1932, le parti nazi, avantagé par la division de la gauche
(SPD/KPD), remporte les élections et, en 1933, accède au pouvoir. La démocratie
cède alors le pas à la dictature.
[B] Le IIIe Reich, dirigé par Adolf
Hitler, après son investiture au poste de Chancelier le 30 janvier 1933,
constitue le symbole même de la dictature totalitaire enfantée par le XXe
siècle. A l’instar du régime soviétique, le régime nazi est ouvertement
antidémocratique : la liberté d’expression est censurée, les élections sont
supprimées, les partis politiques sont interdits, les organisations syndicales
sont dissoutes, tandis que les manifestations et autres grèves sont
formellement proscrites. C’est dans cette perspective de réduire au silence un
pays habitué à débattre que les nazis incendient l’Assemblée nationale
(Reichstag) le 27 février 1933 et qu’ils ouvrent les premiers camps de
concentration dès le mois de mars suivant, dont celui de Dachau, originellement
réservé aux ennemis politiques que sont les communistes, les socialistes ou
encore les syndicalistes, systématiquement internés quand ils n’ont pas trouvé
refuge dans l’exil. Désormais, l’intérêt des ouvriers, comme celui du reste du
pays, ne peut être défendu que par un seul parti politique : le parti nazi
(NSDAP) ; et par un seul syndicat : le Front allemand du travail.
[Transition] En réalité, pourtant, au
cours des douze années que devait durer la dictature nazie, les avancées
sociales sont inexistantes. Et pour cause : dans l’idéologie nazie, les classes
sociales n’existent pas. Seules ont un sens les catégories raciales, au sommet
de laquelle l’Aryen ne revendique rien et accepte tout. En 1945, cependant,
après la parenthèse des « années brunes », l’histoire du mouvement ouvrier
allemand reprend son cours.
[III] De 1945 à nos jours, l’Allemagne connaît deux périodes :
d’une part, la Guerre froide, au cours de laquelle le SPD et le KPD exercent le
pouvoir dans deux pays distincts, la RFA et la RDA ; d’autre part, l’après
Guerre froide, au cours de laquelle le SPD, sorti victorieux du conflit
Est/Ouest avec la RFA, s’efforce, depuis lors, de faire triompher la
social-démocratie dans l’Allemagne réunifiée.
[A] Au cours de la Guerre froide,
l’Allemagne, depuis 1949, est divisée en deux : d’un côté, la RFA, une
démocratie libérale alliée aux Etats-Unis, à l’intérieur de laquelle le SPD
s’efforce de faire prévaloir son modèle social-démocrate ; d’un autre côté, la
RDA, une dictature totalitaire alliée à l’URSS, à l’intérieur de laquelle le
SED, nouveau nom du KPD, seul parti politique autorisé, impose son modèle
communiste. En RFA, le SPD, régulièrement battu par le centre-droit de la CDU
de Konrad Adenauer aux élections organisées entre 1949 et 1969, a longtemps été
confiné au rang de parti d’opposition. En 1959, cependant, lors du congrès de
Bad Godesberg, le SPD, désireux de conjurer le spectre de la défaite, rompt
officiellement avec l’idéologie marxiste, la lutte des classes et la notion de
« parti ouvrier », lui préférant désormais une vision modernisée, celle de la
social-démocratie, fondée sur le capitalisme, la cogestion et les classes
moyennes. De fait, entre 1969 et 1982, deux leaders du SPD accèdent
successivement à la Chancellerie : d’abord, Willy Brandt, entre 1969 et 1974 ;
puis, Helmut Schmidt, entre 1974 et 1982. Ces treize années constituent l’âge
d’or du progrès social en Allemagne. La DGB, nouveau nom de l’ADGB depuis 1949,
fidèle alliée du SPD, n’est naturellement pas étrangère à la législation adoptée
pendant cette période. Parmi les principales mesures, que la DGB a permises de
prendre, figurent notamment : l’augmentation des salaires, la diminution du
temps de travail, mais aussi le retour au plein-emploi rendu possible par une
plus grande flexibilité du droit du travail (pas de SMIC). D’ailleurs, pour
certains, l’instauration d’un dialogue social permanent, au prix d’un abandon
de l’idée de lutte syndicale et d’un renoncement à la grève, est pour beaucoup
dans le miracle économique qu’a connu l’Allemagne entre les années 1950 et
1980. Il n’en reste pas moins que, à gauche, chez les jeunes surtout, ce
repositionnement du SPD au centre a pour conséquence de radicaliser la mouvance
d’extrême gauche. Une petite partie d’entre elle bascule même dans le
terrorisme : c’est le cas de la Fraction armée rouge (RAF), dite aussi « bande
à Baader », qui, au cours des années 1970 (« années de plomb »), multiplie les
actions violentes (braquages, prises d’otages, assassinats, attentats à la
bombe).
[B] En RDA, le SED, nouveau nom du
parti communiste, depuis que le SPD et le KPD ont été obligés de fusionner en
1946, est le seul maître du pays. En apparence, la RDA est une démocratie
populaire, faite par et pour des ouvriers. En réalité, il s’agit d’une
dictature stalinienne qui constitue le symbole même de l’échec du communisme :
le droit de grève est interdit ; les rares manifestations sont réprimées avec
une grande violence ; le seul syndicat autorisé, la FDGB, détournée de son but
initial, vise moins à défendre les droits des travailleurs qu’à stimuler leur
productivité ainsi qu’à éviter les revendications salariales. Walter Ulbricht,
entre 1950 et 1971, puis Erich Honecker, entre 1971 et 1989, ont beau
dissimuler la vérité, via la propagande et la censure, les deux chefs
successifs du SED et de la RDA se montrent incapables d’assurer aux Allemands
de l’Est un niveau de vie comparable à celui des Allemands de l’Ouest. Voilà
pourquoi, en 1990, un an après la chute du mur de Berlin, symbole de
l’effondrement du communisme, la RDA est intégrée à la RFA et l’Allemagne
officiellement réunifiée, après 41 ans de division.
[C] En 1990, l’Allemagne a beau
être réunifiée, la gauche allemande n’en reste pas moins divisée entre : d’un
côté, les communistes du PDS, nouveau nom du SED ; et, de l’autre, les
sociaux-démocrates du SPD. Il faut, toutefois, attendre 1998 pour que le SPD,
dans l’opposition depuis 1982, recouvre le pouvoir. Gerhard Schröder, nouveau
leader du SPD, accède à la Chancellerie jusqu’en 2005. Mais, depuis 2002,
Schröder, réélu sur un programme de « nouveau centre », explicitement favorable
au libéralisme, fait naître le mécontentement au sein d’une partie de la
gauche. En cause : l’adoption en 2003 d’une vaste réforme nommée « Agenda 2010
». Celle-ci, destinée à lutter contre la montée du chômage et le déclin de
l’Allemagne du fait de la mondialisation, vise à dynamiser l’économie
allemande. Co-élaborées avec Peter Hartz, le PDG de Volkswagen, les lois dites
« Hartz » libéralisent les conditions de travail et réduisent la
protection sociale. Schröder, presque aussitôt désavoué par l’aile gauche de
son camp, perd les élections de 2005 au bénéfice de son adversaire de la CDU,
Angela Merkel, qui s’empresse néanmoins de saluer sa politique économique. A la
gauche de la gauche, en revanche, outre Les Verts, un nouveau parti politique,
hostile au SPD depuis son virage à droite de 2002, est fondé en 2007. Son nom ?
Die Linke (La Gauche). Son
leader ? Oskar Lafontaine, un ancien dirigeant du SPD. Ses adhérents ? Des
déçus de la gauche réformiste. Pour l’heure, certes, les résultats obtenus par Die Linke aux élections ne lui permettent
pas de prétendre à l’exercice du pouvoir. Mais elles lui offrent d’ores et déjà
la satisfaction de se poser en rival crédible du SPD qui voit son recul
électoral se confirmer ces dernières années.
La
question se pose alors de savoir si, au moment même où la très puissante
organisation syndicale DGB, alliée historique du SPD, accuse elle aussi un très
net recul du nombre de ses adhérents, le « modèle social allemand », admiré en
France par certains, n’a pas entamé un déclin que d’aucuns outre-Rhin jugent
irréversible.
CONCLUSION
Fermeture. Depuis 1875, et le congrès
de Gotha, année de naissance en Allemagne d’un mouvement social unifié, l’histoire
du socialisme, du communisme et du syndicalisme n’a donc pas été un long fleuve
tranquille. Au contraire, très tôt, au sein de la gauche allemande, les rêves
d’unité ont laissé place à la réalité de la division : du côté réformiste, les
sociaux-démocrates du SPD et de la DGB ; du côté révolutionnaire, les
communistes du KPD, devenu SED en RDA puis Die
Linke dans l’Allemagne réunifiée, ainsi que leur organisation
syndicale appelée RGO.
Ouverture. Cette division historique
du mouvement social, entre une aile réformiste et une aile révolutionnaire,
a-t-elle été bénéfique ou nuisible à la question ouvrière ? L’unité de la
gauche n’aurait-elle pas eu pour effet d’offrir aux ouvriers allemands une
meilleure protection sociale ?
Commenti
Posta un commento