Premières L - DOSSIER GENOCIDE ARMENIEN
Dossier Génocide Arménien
Introduction – qui sont les arméniens ?
1. Une langue
Bien que parlé par un peuple ancien, depuis plus de trente siècles en
Asie Mineure, l’arménien est une langue européenne au même titre que le grec et
le latin ou les idiomes modernes employés par les peuples d’Europe. Le fond du
lexique, les signes caractéristiques de la déclinaison des syntaxes, l’ordre
des propositions, l’esprit même de la langue, prouvent (…) que l’arménien fait
partie du groupe occidental des langues dite indo-européennes.
2. Une religion –
Église arménienne de la Sainte-Croix (Xe siècle), île d’Akhtamar,
Lac de Van
L’Arménie fut la première nation à adopter le christianisme. Selon le
récit qui en est fait par l’Agathange, le roi Tiridate IV (vers 298-330),
jusqu’alors persécuteur des chrétiens, est converti par l’un de ses serviteurs,
Grégoire, connu dès lors sous le nom de l’Illuminateur. En 313 (301 selon la
tradition), le roi proclame le christianisme religion d’État. Le pays,
largement christianisé grâce à la traduction de la Bible, résiste à la
tentative d’imposition du mazdéisme [ou zoroastrisme, religion perse antérieure à l’Islam], puis à la domination
musulmane. En 553, les évêques arméniens refusent (…) les décisions du concile
de Chalcédoine tenu sous l’égide de Byzance en 451, selon lesquelles le Christ
aurait deux natures, humaine et divine, réunies en une seule personne mais non
confondues. Cette condamnation entraîne à la fois une rupture définitive avec Byzance
et l’organisation d’une Église indépendante possédant sa propre hiérarchie.
Annie Vernay- Nouri, « La Religion de l’Arménie,
Catalogues n°18 à 22 », dans Livres
d’Arménie, Bibliothèque Nationale de France, Paris, 2007.
3. « Un coin de campagne arménienne »
avant 1914)
Source – Site de l’École des
Hautes Études en Sciences Sociales (HESS) – http://lettre.ehess.fr/index.php?7997
4. L’une des
minorités de l’Empire Ottoman
Durant le courant de la Première Guerre Mondiale, les arméniens de
Turquie ont été l’objet d’un génocide (définition p. 396).
5. Les Jeunes-Turcs au pouvoir
Le 27 avril 1909,
les Jeunes-Turcs installent sur le trône un nouveau sultan,
Mohamed V, sous l'étroite surveillance d'un Comité Union et Progrès (CUP, en turc Ittihad) dirigé par Enver pacha
(27 ans). Soucieux de créer une nation turque racialement homogène,
ils multiplient les exactions contre les Arméniens d'Asie mineure dès leur
prise de pouvoir. On compte ainsi 20 000 à 30 000 morts à Adana
(Cilicie) le 1er avril 1909...
Ils lancent des campagnes de boycott des commerces
tenus par des Grecs, des Juifs ou des Arméniens, en s'appuyant sur le
ressentiment et la haine des musulmans turcs refoulés des Balkans. Ils
réécrivent l'Histoire en occultant la période ottomane, trop peu turque à leur
goût, et en rattachant la race turque aux Mongols de Gengis Khan, aux Huns
d'Attila, voire aux Hittites de la haute Antiquité.
6. Chronologie du génocide durant la guerre
1914 - début 1915 : La population arménienne de
l'Empire Ottoman est évaluée par le patriarcat à 2 100 000 personnes.
Janvier 1915 : Défaite ottomane devant les troupes russes.
Les autorités ottomanes décrètent la démobilisation et le désarmement des
Arméniens.
8 avril 1915 : Massacres à Zeytoun.
20 avril 1915 : La population de Van, en majeure partie
arménienne, organise sa défense et résistera jusqu’à l’arrivée de l’armée russe.
Les autorités turques utiliseront cet épisode pour justifier les mesures de
déportation.
24 avril 1915 : Arrestation de 300 intellectuels et notables
arméniens à Constantinople. Cette date est prise comme point de départ des
déportations et massacres.
Du 27 avril au 19 août 1915 : Vagues de massacres et de
déportations dans tout le pays.
16 mai 1915 : Loi du 16 mai 1915 concernant les
instructions relatives aux biens mobiliers et immobiliers abandonnés par les
Arméniens déportés, la loi prévoit l'installation de réfugiés turcs dans ces
demeures et sur ces terres.
15 septembre 1915 : Télégramme de Talat,
ministre de l'Intérieur à la Préfecture d'Alep, confirme l'ordre de déportation
et d'extermination.
Septembre, loi des « biens abandonnées »
des arméniens organise la spoliation.
7 mars 1916 : Télégramme de Talat, ministre de l'Intérieur
à la Préfecture d'Alep : ordre d'extermination des enfants dans les stations
militaires.
30 octobre 1918 : Fin de la guerre entre les alliés et la
Turquie. Estimation globale des massacres : environ 1.500.000 morts.
1919 :
Procès des Unionistes (membres du Comité Union et Progrès). Procès en cours martiale
turque. Les principaux responsables du génocide y sont condamnés à mort par contumace, ayant pris la fuite en 1918, après avoir détruit la plupart des documents
compromettants. La cour martiale établit la volonté des unionistes d'éliminer
physiquement les Arméniens en utilisant une organisation spéciale.
7. Déportations et camps - cartographie
8. Le génocide dans le Vilayet de Trebizonde (1915)
9. Circulaire 3052 du 24
avril 1915
Signée par le ministre de
l'intérieur Talaat
Pacha, elle
ordonne aux autorités militaires et aux administrations de l'ensemble de l'Empire ottoman d'arrêter les élites
arméniennes locales. C'est l'acte fondateur du démarrage des massacres de masse
et le 24 avril 1915 est très rapidement retenu comme date du début des
opérations.
10. Des documents rares
Il existe peu d’images du génocide des Arméniens.
Les autorités turques ont menacé de mort toute personne qui s’aventurerait à
prendre des photographies des massacres.
Cependant, outre les clichés pris par l’armée russe lors de l’offensive sur le
front caucasien dès 1915, d’autres sources existent, notamment les images d’un
officier de la Croix-Rouge allemande, Armin T. Wegner (1886-1978). Ces
photographes travaillant dans la clandestinité, la plupart des documents qui
nous sont parvenus ne comportent ni date ni mention de lieu.
11. Camps de transits, camps de concentration : l’exemple de Bab
Avant même l’arrivée de cet
afflux de déportés, depuis la fin du mois de mai 1915, Bab accueillait hors de
la ville, à une demi-heure, des groupes d’Arméniens. Jusqu’au début de juillet,
les nouveaux arrivants étaient assez rapidement repartis dans les villages
arabes des environs. Après quoi, cette pratique cessa et les déportés devaient
séjourner dans un camp de concentration. Établi dans une plaine argileuse, il
se transformait en un véritable lac lorsque la pluie tombait. « Les tentes
baignaient dans l’eau et la neige », nous dit un rescapé qui y débarqua à
la fin de décembre 1915. Durant les mois de juillet et d’août, le camp se gonfla
momentanément avec le passage « de milliers de veuves, sans un seul
homme adulte, arrivant des régions d’Arménie par la route de Mounboudj, dans un
état misérable et à moitié nues… ». Ces gens continuaient leur route
en direction d’Alep et des déserts de Syrie après y avoir passé quelques jours
ou quelques semaines. D’après Aram Andonian, c’est en octobre 1915 qu’il fut
décidé de donner à Bab un statut de camp de transit pour les convois venant du
nord. Camps de transit et camp de
concentration y cohabitaient
donc (…). Au début de l’hiver, avec l’arrivée des déportés des camps d’Islahiyé
et de Katma-Azaz, le typhus se déclara dans le camp. Quatre à cinq cents personnes
y décédaient journalièrement. Le nombre de déportés arrivant chaque jour était
tel que les convois expédiés quotidiennement vers le sud ne suffisaient plus à
réduire la population.
Source – Catherine Coquio (dir.), Parler des camps, penser les génocides,
Albin Michel, Paris, 1999.
12. Camp de concentration de
Ras ul-Aïn, janvier 1916
13. La Turquie moderne face au génocide
Les
événements furent (…) très tôt connus et dénoncés pour ce qu'ils étaient. Le
déni fut tout aussi immédiat. En 1919-1920, après l'armistice, la preuve d'un
plan, concerté au plus haut niveau de l'Etat ottoman, fut apportée par les
tribunaux turcs (…), lors des procès en cour martiale (…) contre les dirigeants
jeunes-turcs, dont certains sont condamnés à mort par contumace. Les sentences
contre les criminels libérés, ou en fuite à l'étranger, seront appliquées par
des survivants du génocide, qui exécuteront plusieurs responsables turcs dans
le cadre de l'"opération Némésis".
Talaat,
le principal architecte du génocide, fut assassiné à Berlin en 1921. Son
meurtrier, Soghomon Tehlirian, fut acquitté par un tribunal allemand, jugement
retentissant (…). Talaat (…), dont Adolf Hitler restitua la dépouille en 1943,
fut honoré par un mausolée dans la nouvelle Turquie. Depuis 1923, cet Etat
successeur et héritier de l'Empire ottoman persiste à nier un crime et des
spoliations qui remettent en cause le mythe fondateur d'une nation turque
unitaire, excluant les Arméniens du passé ottoman et de toute l'histoire de la
région.
Claire Mouradian, Le génocide arménien, un
projet politique, Historiens
et Géographes,
n° 427, juillet aout 2014
Ø La décision
1)
Doc. 4 et 5 – Présentez la position des Arméniens dans l’Empire Ottoman
à la veille de la guerre.
2)
Doc. 2, 4 et 6 – Justifiez la démobilisation et le désarmement des
troupes arméniennes de l’empire ottoman (janvier 1915)
3)
Doc. 5, 6 et 9 – Quelle est la première étape du génocide, et
comment est-elle légitimée ?
Ø L’application : massacres et déportations
4)
Doc. 6, 7, 8 et 11 – Quelle est seconde étape du génocide ?
5)
Doc. 11 – Expliquez et justifiez la phrase soulignée.
6)
Doc. 6, 7, 11 et 12 – Quelle est la troisième étape du
génocide ?
Ø Du procès à la négation
7)
Doc. 5 et 6 – Qui est responsable du génocide et pourquoi peut-on dire
qu’il est prémédité ?
8)
Doc. 6, 13 – Comment la Turquie traite-t-elle le problème ?
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