Première L - LGV Lyon-Turin (3/3) : Enjeux, impacts


LGV Lyon-Turin (3/3) : Enjeux et impacts

12. La Cour des Comptes critique le Lyon Turin
« Le projet a connu une dynamique propre », constate, pince-sans-rire, la Cour des comptes face à l'explosion du coût prévisionnel du projet. Il est passé de 12 milliards d'euros en 2002 à 24 milliards en 2011 et 26 milliards aujourd'hui. Il faut dire que la France et l'Italie n'ont pas mégoté : pour franchir les pré-Alpes et les Alpes françaises, les deux pays ont choisi la solution la plus onéreuse, celle d'un tunnel de très grande longueur, « alors que d'autres Etats (Slovénie, Hongrie) ont opté, pour des raisons financières, pour une modernisation progressive des lignes existantes, souligne la Cour des comptes. Il apparaît que d'autres solutions techniques alternatives moins coûteuses ont été écartées ».
Comment justifier un tel coût ? Par des prévisions d'explosion des besoins de fret. Problème : déjà en 1993, la direction des routes estimait les prévisions surestimées et « depuis 1999, les trafics de marchandises ont diminué dans les Alpes françaises » (…). Selon l'accord franco-italien de 2001, la nouvelle liaison Lyon-Turin doit entrer en service à l'horizon de saturation des infrastructures existantes. Soit 2025 pour le tunnel, si les travaux débutent fin 2012, comme prévu. Or les études de trafic ne prévoient de saturation de la ligne historique qu'en 2035 (…). Matignon [siège du gouvernement français] a répondu (…) dans une note très technique, où le véritable enjeu n'apparaît (…) qu'à la dernière page : « l'action du gouvernement dans la conduite de ce projet s'inscrit dans le cadre d'engagements internationaux (…) renouvelés ». C'est un projet intergouvernemental, donc politique.

13. Manifestation NO-TAV à Venaus (val di Susa)
 
En juillet 2017), le mouvement No Tav organisait une marche pacifique vers le chantier de Venaus, lieu emblématique de leur protestation. En 2005, en effet, les militants avaient occupé ces terrains d’où, ensuite, ils avaient été expulsés (…). © La Stampa

14. Enjeux de territoire en Italie, mais pas en France ?  
La visibilité du projet du Lyon-Turin dans le Val de Suse est paradoxale. Une traversée de cette vallée n’offre aucune trace d’un chantier ferroviaire. L’œil ne peut cependant pas ignorer la diffusion d’un slogan qui rythme le parcours dans tous les villages depuis Oulx jusqu’aux portes de Turin : « No TAV ! ». Ce slogan se décline sous la forme de drapeaux, de tags, d’inscriptions sur les versants, d’autocollants sur les voitures... (). L’enjeu ferroviaire de ce projet de nouveau tunnel (…) apparait (…) bien territorial.
Sutton Kevin, « Le conflit autour du Lyon-Turin dans le Val de Suse. Vers une nécessaire reconsidération des basses vallées alpines », Revue d’Économie Régionale & Urbaine, 2013/1 (février), p. 179-201.
Le contexte d’annonce de l’enquête d’utilité publique de 2006 coïncide avec un paroxysme de tension dans le Val de Suse. Le mois de décembre 2005 a vu s’affronter brutalement les opposants et les forces de l’ordre à Venaus (…). Le collectif No TAV choisit d’organiser une manifestation à Chambéry le 7 janvier 2006, mais l’essai de diffusion de la contestation en France ne connaît pas le succès attendu de l’aveu même des cadres du mouvement italien. Cette manifestation réunit essentiellement des No TAV valsusains et des militants écologistes et d’extrême gauche de Chambéry et de Lyon. Or, le mouvement No TAV a construit sa force en Italie par un fait de territorialité s’exprimant par sa capacité de mobilisation citoyenne au-delà de la conviction politique et idéologique. Ce rendez-vous a mis en lumière la profonde hétérogénéité des motivations et de la structuration de la contestation au Lyon-Turin. A la fois bi-national et complexe, voyageurs et fret, souterrain et à l’air libre… « Lyon-Turin » n’est pas nécessairement habité de sens spatial en France en 2006. Villarodin-Le Bourget s’oppose aux descenderies, Avressieux et Chimilin au « TGV », les premiers « No TAV » français à un système politique.
Sutton Kevin, « L’affirmation d’une opposition française au « Lyon-Turin » : un conflit entre liminarité et intermédiarité », Journal of Alpine Research | Revue de géographie alpine [En ligne], 104-1 | 2016

15. La LGV Lyon Turin, train « euroregional » ? 
 
L’objectif de l’eurorégion "Alpes-Méditerranée" (carte ci-jointe) est de permettre une plus grande visibilité du territoire transfrontalier auprès des institutions européennes et d’affirmer le rôle des régions à ce niveau.
Localement, elle vise à renforcer les relations entre les citoyens, les acteurs socio-économiques, les administrations et les élus des cinq régions dans divers domaines :
·               Accessibilité et transports
·               Développement économique
·               Innovation et Emploi
·               Enseignement supérieur et Formation professionnelle
·               Qualité de vie
·               Environnement
·               Prévention des risques naturels et Développement durable
·               Culture et du Tourisme
·               Services collectifs
·               Cohésion et Solidarité.

16. Entre désengagement des municipalités (Grenoble, 2/2) et impact du chantier
La maire Mouvement 5 étoiles (M5 Stelle) de Turin, Chiara Appendino (…) lors de sa visite à Chambéry (…) s’est dressée contre « un ouvrage inutile et coûteux qu’aucune étude ni perspective ne peut justifier », en estimant qu’il s’agit « d’un investissement non nécessaire, dont les coûts sont nettement supérieurs aux bénéfices ». Quelques mois avant, à l’instar d’Eric Piolle, maire EELV de Grenoble, Appendino avait annoncé le désengagement de sa ville du financement du projet. Une initiative qui n’a pas eu d’écho auprès des autres partis politiques… Seul Turin, pour le moment, a fait ouvertement marche arrière.
Autres thèmes épineux (…) : les problèmes environnementaux et sociétaux. « Nous allons nous endetter pendant des années, avec le risque de deux types d’infiltrations : l’amiante dans l’eau et la mafia dans les chantiers », écrivait le vice-président du parlement Luigi di Maio (…). La destruction de l’écosystème du Val de Suse, la présence d’amiante et d’uranium dans les montagnes alpines, ou encore les probables collusions avec la mafia sont autant d’inquiétudes (…). Présente dans tous les travaux de grande envergure, la criminalité organisée aurait en effet essayé à maintes reprises de mettre la main sur les appels d’offre du Lyon-Turin.
 
1.             Classez les oppositions à la LGV (qui, pourquoi) en justifiant pourquoi la contestation ne prend pas la même forme dans les deux pays (appuyez-vous sur la phrase soulignée du doc. 14).
2.             Expliquez le terme de train « Euroregional » (doc. 15). Quel est le but de l’Union Européenne à travers la LGV ?  

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